Voilà environ deux ans que j’essaie d’aider mon plus grand fils à comprendre les technologies. Tout a commencé par un intérêt débordant pour Minecraft qui s’est rapidement transféré sur MCreator, un logiciel permettant de décompiler Minecraft pour en modifier le comportement via une interface graphique. La boîte de Pandore était ouverte: le développement informatique devenait une compétence prioritaire pour lui.
L’année dernière, nous avons donc commencé avec Scratch, un logiciel d’apprentissage de la logique de développement réalisé par le MIT. Via une interface graphique l’apprentis développeur superpose des blocs de fonctionnalités permettant de réaliser boucles, assignations et tests conditionnels. Cette année, nous sommes passé à CodeCombat: un jeu de niveau où les actions du héros doivent être codées en Python. Un peu plus interactif et dirigé, CodeCombat permet aussi d’écrire du vrai code dans un langage réellement utilisé.
C’est donc sans bouder mon plaisir que j’ai eu l’occasion de travailler avec la Fondation de la Commission scolaire de Montréal pour appuyer CodeMTL, une initiative admirable visant à mettre Scratch dans les mains des élèves de la commission scolaire, en partenariat notamment avec Kids Code Jeunesse. Pour être récemment passé par l’étape des rencontres parents-enfants, il est évident que les profs font leur possible pour éveiller l’intérêt des enfants envers les technologies; toutefois, les guider pour apprendre à développer nécessite un accompagnement qu’ils peuvent difficilement fournir s’ils ne sont pas eux-mêmes accompagnés. Avec ce projet, non seulement les enfants pourront obtenir un accompagnement en milieu scolaire, mais ils pourront également approfondir ces connaissances dans certaines bibliothèques de Montréal.
Je le vois moi-même avec mon fils: malgré les nouveaux outils existants et sa propre motivation, il a besoin d’aide et bien souvent, je ne suis pas malheureux de m’y connaître un peu pour expliquer certains éléments.
Je me rends compte que nombreux sont ceux de ma génération qui ont également profité d’une initiation au développement. Les langages ont incroyablement évolué depuis mes premières lignes en BASIC et les outils pour les apprendre aussi. Toutefois, il est très probable que parmi les jeunes initiés de nos jours, finalement assez peu auront besoin de cette compétence dans leur vie adulte. Malgré tout, ce n’est pas en vain: plusieurs pourraient découvrir un intérêt qui ne les quittera pas, même s’ils n’en font pas leur métier. Cela permet aussi de développer certaines compétences cognitives qui ne manqueront pas d’être utiles par la suite, à condition d’être bien accompagnés, comme c’est le cas dans ce programme.
Nombreux sont ceux qui soulignent que le développement informatique est LA compétence du futur que les enfants devraient apprendre au même titre que la lecture. Ceci dit, le présupposé que savoir développer permet de comprendre l’univers technologique dans lequel nous évoluons est contestable. Savoir comment fonctionne une voiture ne donne pas une compréhension innée de l’impact de cette dernière sur nos sociétés. Le sentiment de puissance que l’on obtient quand on arrive à “faire parler” une machine est certes exaltant mais pas garant d’une compréhension universelle, loin s’en faut.
Bref, pour toutes les raisons mentionnées, l’apprentissage du développement doit être appuyé et j’espère que l’initiative CodeMTL saura perdurer et accompagner les enfants, surtout ceux qui développent une passion pour cet univers. En même temps, il faut continuer à tester des approches pour favoriser l’alphabétisation numérique, non seulement à travers l’apprentissage de langage de développement, mais aussi en aidant les adultes du futur à comprendre l’influence des technologies sur nos vies et nos choix. Vaste programme!